Le régime chrono-nutrition, créé en 1986 par le docteur Alain Delabos, est une méthode minceur basée sur les rythmes biologiques. Le principe est simple : tous les aliments sont autorisés à condition qu’ils soient consommés à un moment bien précis de la journée. En dehors de cette plage horaire, les aliments ne seront plus transformés en énergie mais stockés sous forme de graisses. Décryptage !
La méthode
La méthode du docteur Delabos s’appuie sur la chronobiologie : dans notre corps, les sécrétions hormonales dépendent de différents stimulis, comme les activités quotidiennes, la lumière, le sommeil, le chaud, le froid, la faim et la satiété. La grande découverte de la chrononutrition est la suivante : pour bien s’alimenter, il faut suivre le rythme du cortisol, hormone qui régule l’appétit tout au long de la journée. Ainsi, il faudrait manger gras le matin, dense le midi, sucré l’après-midi et léger le soir.
Composition des repas
– Le petit déjeuner est le repas clé de la journée à base de fromage + pain + beurre ou huile d’olive + thé ou tisane ou café sans sucre ni lait.
– Le déjeuner doit permettre de recharger les batteries en apportant des protéines animales et végétales ainsi que des sucres lents et des fibres (viande ou volaille ou poissons ou œufs ou charcuteries + féculents autres que le pain).
– Le goûter, plaisir sucré de la journée, ne doit jamais être consommé avant d’avoir faim. Il sera composé de noix ou chocolat noir ou olives ou avocat + fruits frais ou secs ou jus de fruits frais + confiture ou compote ou sorbet aux fruits.
– Le dîner n’est pas obligatoire et doit être léger (poisson ou fruits de mer + légumes).
Les avantages
– L’apport important en protéines procure une sensation de satiété et aide à manger moins. On note une amélioration de l’énergie durant la journée, car le petit déjeuner est très copieux et une amélioration du sommeil, car le dîner est très léger voire inexistant.
– On mange de tout ou presque puisque seuls les laitages autres que fromage, crème et beurre ainsi que les soupes et les potages sont interdits.
– On peut conserver une vie sociale normale et une notion de plaisir puisque un ou deux gros écarts peuvent être faits dans la semaine (mais pas des petits tous les jours).
– Les risques de carence sont faibles, seule une supplémentation en vitamines et minéraux est recommandée, l’apport en fruits et légumes étant limité.
Les inconvénients
– Cette méthode, très contraignante, demande beaucoup de rigueur : on ne mange pas ce qu’on veut selon ses envies, d’où la difficulté de la suivre à moyen et à long terme.
– Les apports très importants en matières grasses saturées, en cholestérol et en sodium sont des facteurs de risques de maladies cardio-vasculaires.
– Le manque de fibres alimentaires (seulement deux portions de fruits et légumes par jour et pas plus de deux portions de féculents) peut engendrer des problèmes de constipation.
– Les laitages autres que le fromage étant interdits, on peut manquer de vitamine D.
– Aucune phase de stabilisation n’est proposée, donc le risque d’effet yo-yo est très important.
En conclusion, le régime chrono-nutrition n’est pas forcément le plus efficace…
[note_expert]
La chrononutrition est un nouveau courant diététique basé sur le fait que les aliments n’ont pas le même impact sur le corps selon le moment où on les consomme. Elle s’appuie sur la chronobiologie : les fonctions de notre corps ne se déroulent pas de manière constante au cours de la journée. Or, selon les experts, ces fluctuations endogènes (à l’intérieur du corps) sont largement surpassées par les facteurs exogènes (ce qui se produit à l’extérieur du corps).
A propos des glucides
La quantité de glucides consommés et la nature des repas ingérés influencent beaucoup plus l’insulinosécrétion que le moment de la journée où cette prise se déroule [1-2].
De plus, l’utilisation des glucides apportés par l’alimentation, chez un sujet pratiquant une activité physique, n’a rien à voir avec celle que l’on constate chez un sujet sédentaire.
Ainsi, il ne faudra consommer un glucide d’index glycémique élevé que pendant un effort d’endurance, ou juste après cet effort.
Consommé lorsque l’on est à jeun, ou que l’on ne bouge pas, il provoque une sécrétion d’insuline et se transforme en graisses.
Au niveau des lipides
Existe-t-il des moments plus propices à la combustion des lipides endogènes ? On note une élévation de la dépense d’énergie le matin mais l’écart entre les différents horaires étudiés représente au mieux 5% du total énergétique du repas soit moins de 25 kcal…
Comparativement, le métabolisme de repos est majoré de 20% plusieurs heures après l’arrêt d’un exercice modérément intensif, ce qui se traduit de manière beaucoup plus significative sur l’équilibre énergétique.
Par conséquent, jouer sur d’éventuels créneaux horaires plus ou moins favorables pour influer sur la perte de poids semble très peu efficace.
En ce qui concerne le cholestérol
Est-il possible de jouer sur la synthèse du cholestérol au moyen d’une stratégie alimentaire ciblée sur le plan chronologique ?
85% du cholestérol sanguin résulte d’une synthèse endogène, réalisée à partir de constituants simples de notre ration, sucres et graisses. Cette synthèse comprend plusieurs étapes, dont une est qualifiée de « réaction-clef », pilotée par une enzyme : la HMG-CoA réductase (cible des statines).
La HMG-CoA réductase peut faire l’objet d’une régulation par les apports alimentaires : elle passe par un maximum d’activité en début de matinée c’est pourquoi on a conseillé de manger des œufs « seulement » le matin, pour inhiber cette enzyme.
Or, toutes les études montrent une corrélation inverse entre l’apport alimentaire en cholestérol et son taux plasmatique mais cette relation ne dépend pas du moment de l’apport dans la journée [3].[/note_expert]
[1] Henriksson J. Influence of exercise on insulin sensitivity. J Cardiovac Risk 1995;2:303-9
[2] Acheson K, Schutz Y, et al. Glycogen storage capacity and de novo lipogenesis during massive carbohydrate overfeeding in man. Am J Clin Nutr 1988;48:240-7
[3] Kummerow FA, Youngja K, et al. The influence of egg consumption on the serum cholesterol level in human subjects. Am J Clin Nutr 1977; 30:664-73