Une chirurgie bariatrique, c’est-à-dire une chirurgie du système digestif pour réduire l’absorption de nourriture, est un bon moyen pour perdre du poids. Mais pour que la chirurgie vaille le coup, il est nécessaire d’avoir une alimentation adaptée. Sinon, vous risquez soit des carences, soit un échec de votre perte de poids. Voici quelques conseils pour y parvenir.
La chirurgie bariatrique se répand en France, avec plus de 30.000 interventions en 2011. Ces opérations regroupent les anneaux classiques, les sleeves (une restriction verticale) et les bypass (une dérivation de l’estomac vers l’intestin grêle). Ce sont des opérations efficaces mais risquées, tant sur le plan médical que nutritionnel. La prise en charge dure donc tout au long de la vie du patient. En effet, ces opérations ont pour objectif de limiter la quantité de nourriture absorbée par le corps humain. Celui-ci peut donc manquer de nutriments essentiels à son bon fonctionnement si l’on n’y prend pas garde.
L’intervention implique ensuite une prise en charge alimentaire : le succès de l’opération dépend non seulement de l’expérience du chirurgien, mais également du suivi diététique et de la reprise d’une activité physique.
Éviter les carences
Le plus grand risque est une carence en nutriments essentiels (comme les vitamines B1, B9, B12 et D) ou en fer et une dénutrition protéique. Celle-ci peut s’observer dans le premier mois après l’opération, lorsque le corps s’habitue aux nouveaux apports, puis dans la première année. Vous devez donc commencer à prendre des suppléments multivitamines-minéraux 3 à 4 semaines après votre chirurgie. Les analyses sanguines et la prise de suppléments restent ensuite nécessaires à vie.
La carence en fer est plus spécifique que les autres : elle touche plus les femmes que les hommes, à cause des pertes dues aux règles. Pour contrebalancer cette carence, un apport régulier en viande rouge peut aider, ainsi que le son de blé, les flocons de millet, les salsifis ou les épinards.
Enfin, une chirurgie bariatrique peut occasionner un manque de vitamine D et de calcium. Dans les deux cas, cela peut mener à des problèmes osseux comme l’ostéoporose. Les risques sont plus grands en cas de ménopause ou de prise d’inhibiteurs de la pompe à protons (qui servent à réduire l’acidité gastrique, entre autres). Il peut donc être nécessaire de consommer plus de produits laitiers, de noix (amandes, noisettes…), de poissons gras avec arêtes (sardines) et/ou de soja, qui accroissent l’absorption du calcium. Mais ces produits, souvent gras, doivent être intégrés à un protocole alimentaire adapté.
Prendre les bons conseils
Certains conseils nutritionnels donnés aux opérés ne tiennent pas toujours compte de certaines données. Attention aux éléments suivants :
– la quantité de protéines à absorber : on conseille un apport en protéines, au début sous forme de sachets ou boissons hyperprotéinées, puis par l’alimentation courante lorsque l’on réintroduit la viande, le poisson etc… Mais on ne précise pas suffisamment que chaque individu a des besoins spécifiques correspondant à son sexe, son âge, sa taille, son activité physique. Si votre apport en protéines est insuffisant, vous perdrez votre masse musculaire et reprendrez automatiquement du poids.
– l’index glycémique (taux de sucre) des aliments : les jus de fruits, même s’ils sont sans sucre ajouté, ont un index glycémique élevé. Pris tous seuls, en dehors d’un repas, ils font monter le taux de sucre dans le sang. Il y a alors sécrétion d’insuline et prise de masse grasse.
– les fibres : pour le by-pass et les sleeve-gastrectomies, il est conseillé de faire un régime pauvre en fibres le premier mois après l’intervention, avec un élargissement ensuite. Or, les fibres contribuent à diminuer l’index glycémique des aliments. Un régime pauvre en fibres provoque plus facilement des hyperglycémies (taux de sucre dans le sang trop élevé).
– les féculents : souvent conseillés, ils doivent être évités si vous n’avez pas d’activité physique suffisante ou si vous n’êtes pas diabétique.
Enfin, les céréales sont souvent recommandées, mais attention !! L’index glycémique de certaines est très élevé ! Voici quelques exemples d’indice glycémique (IG) pour une céréale :
1 Corn Flakes® = 81
1 Spécial K® = 84
1 Rice Krispies® = 82
Adapter sa cuisine
Au début, il faut broyer les aliments pour les attendrir, le temps de la cicatrisation. Dans l’idéal, il faut faire six repas dans la journée, trois repas normaux et trois collations, à horaires réguliers. Cela permet au corps d’avoir le temps d’absorber les nutriments. Les régimes stricts sont à proscrire, car ils induisent des carences et annulent l’effet de l’opération. Le mieux est de s’investir dans la cuisine : les plats préparés et les soupes lyophilisées sont pauvres en nutriments et trop riches en lipides, alors que les plats faits maison sont beaucoup plus nourrissants.
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